Green SEO : définition, bonnes pratiques et valeurs

 

A l’heure où je vous écris ces quelques lignes, la COP21 se tient à Glasgow. Le diagnostic est clair, on est mal barré environnementalement parlant ! 

Le réchauffement climatique s'accélère, tout le monde se regarde dans le blanc des yeux et chacun préfère se dire, qu’après-tout, pourquoi je ferais un effort alors que les autres ne se privent pas de s’enrichir sans respecter la planète.

Bon là, je vous propose une vision un peu café du commerce du problème. Mais pourtant, on n’est pas si loin de la réalité que ça. Ce constat est tout aussi vrai dans le vaste monde du digital et du numérique. Et le SEO n’y échappe pas non plus. Car oui, le digital est devenu l’un des plus gros pollueurs de la planète. Je vous renvoie vers l’article du Figaro, qui vous expose l’impact de l'activité du numérique sur l’environnement
 

Que faire face à ce constat ? 
 

Malheureusement, il ne semble pas y avoir de solution miracle. Pour autant, les professionnels peuvent prendre leurs responsabilités et agir pour limiter un minimum la casse. 

C’est exactement ce qu’a décidé de faire la rédactrice web d'Eko2.0, Elodie Kergresse, spécialisée dans la rédaction éthique et engagée. On va donc faire le point sur ce qu’on appelle le green SEO, le SEO éthique, le SEO éco-responsable, leurs pratiques et leur capacité à générer de la performance SEO.

Au programme :

  • Définition du Green SEO
  • Green SEO et white hat, même combat ?
  • L’importance du choix des clients
  • Le green SEO est-il compatible avec la performance SEO ?
  • Comment allier le SEO technique et l’éco-responsabilité SEO ?
  • Quel est l’impact d’un site éco-conçu pour les visiteurs et les concepteurs ?
  • Existe-t-il des labels ou certifications Green SEO ?
  • Les pratiques à bannir pour être Green SEO
  • Le Green SEO est-il l’avenir du référencement naturel ?

Green SEO : définition

Pour débuter cet entretien, il me semblait absolument indispensable de faire le point sur toutes les notions que j’ai évoquées précédemment. Car il n’existe aucune définition “officielle” sur les notions de Green SEO, SEO éthique, SEO durable, SEO éco-responsable... Quelles définitions leur donner ?

Pour Elodie Kergresse, il existe de nombreux éléments pour essayer de les définir. Pour notre invitée, “il y a le SEO d’un côté et l’aspect éthique, durable, éco-responsable de l’autre. L’objectif c’est de toujours répondre aux critères des moteurs de recherche pour placer une page web sur une requête. Mais tout en produisant des contenus de qualité, utiles et surtout avec un impact positif. [...] Et c’est tout simplement considérer le lecteur quand on écrit et qu’on fait du SEO”.
 

Green SEO et white hat, même combat ?

A la vue de cette définition du green SEO, une question m’a - je pense - logiquement traversé l’esprit : le Green SEO ne serait-ce tout simplement pas faire du white hat, du “bon” SEO ?

Pour Elodie Kergresse, “ça en fait partie. Le white hat c’est vraiment respecter les bonnes pratiques [...]. Mais, pour moi, le SEO éthique et éco-responsable va plus loin. Derrière la dimension éthique, on ajoute des valeurs [...], un engagement du rédacteur web. [...] On devrait tous avoir une responsabilité et une conscience sur les mots qu’on écrit sur le web, à savoir avoir une information bien vérifiée, ainsi qu’avoir une certaine bienveillance.
Il faut également savoir pour qui on travaille et prendre le temps de réfléchir pour qui on travaille, tout en s’interrogeant sur les impacts que vont avoir la page web et l’article de blog qu’on est en train d’écrire
”.
 

L’importance du choix des clients

Elodie Kergresse a évoqué “les valeurs”. Une notion bien floue - voire quasi inexistante - dans le monde impalpable et difficilement régulable du digital.

Notre invitée m’a confié que, si l’occasion se présentait, elle refuserait de travailler avec certains types de clients qui proposeraient de la surproduction de contenus, des backlinks peu naturels, etc...
Pour notre experte, cela revient tout simplement à “ne pas respecter le lecteur”. Tout en admettant que “la rédaction web c’est aussi du marketing. On écrit pour convaincre, pour vendre, ... Il s’agit d’essayer de ne pas survendre, de ne pas créer inutilement des milliers d’articles sur le même sujet en paraphrasant ou en donnant le même article à plusieurs rédacteurs pour être positionné sur le même mot clé avec des contenus légèrement différents selon les rédacteurs web, … 

Il y a aussi l’impact que j’ai lorsque j’écris sur un sujet et son impact sur la société, sur l’environnement… Par exemple, je n’irais pas écrire pour une société qui vend des fraises au mois de février. Mais il peut être parfois difficile d’être en accord avec ses valeurs”. 

Une dimension éthique qui peut donc être “difficile à appréhender”, comme le dit notre invitée, “car il y a un engagement personnel qui intervient et c’est difficilement mesurable, à l’inverse des pratiques white hat qu’on connait et qu’on peut mesurer”.
 

Le green SEO est-il compatible avec la performance SEO ?

Pour titiller un peu notre experte, je décide de faire une analogie volontairement extrême : on voit mal l’écologie être compatible avec le capitalisme et la société de consommation actuelle. Donc j’ai du mal à me dire que faire du SEO écologique est compatible avec la recherche de performance, quand on sait qu’il faut produire toujours plus de contenu pour espérer être visible sur les moteurs de recherche.

Comme vous pouvez vous en douter, mon analogie ne l’a pas convaincue 😆 ! “Quelle dommage de ne pas voir le SEO éthique et responsable comme compatible avec la recherche de performance”, me répondit-elle. “Pour moi, c’est même le contraire. [...] Il faut revenir à la base en fait : Google classe des résultats et son objectif est de rester le premier moteur de recherche. Pour rester le premier, il doit fournir les meilleurs résultats. Son intérêt, c’est que le lecteur soit satisfait. Donc ils ont établi des critères pour essayer de mesurer la satisfaction des internautes. On en revient aux lecteurs. Donc si on revient sur cette base là, on doit répondre à la demande de la façon la plus complète, la plus originale et en répondant à l’intérêt du lecteur. En faisant ça, on répond aux exigences de Google”.

Il n’est donc pas question de mettre de côté l’aspect stratégique du SEO : la recherche de mots clés, l’analyse des requêtes, l’analyse des SERPs, etc, mais de remettre le lecteur au centre des enjeux. “C’est en faisant ça qu’on fait de la performance”, ajoute Elodie Kergresse.
 

Comment allier le SEO technique et l’éco-responsabilité SEO ?

Au-delà de la production de contenus, une approche SEO plus éco-responsable implique d’adapter la partie technique du référencement naturel. Comment cela se passe-t-il concrètement ? 

Notre invitée n’étant pas une experte du SEO technique, cela ne l’a pas empêchée de se rapprocher d’experts spécialisés dans ce domaine pour en comprendre son fonctionnement. “On m’a expliqué l’importance d’avoir un hébergement web vert, avoir des contenus web qui vont à l’essentiel, des design épurés,... donc d’avoir des sites qui nécessitent moins d’énergie et qui produisent moins de CO2. [...] Il existe plein de petits indicateurs comme website carbon pour mesurer son impact environnemental [...].

Il faut bien comprendre que le SEO est un fil d’ariane pour un projet web. Tout le monde est concerné. Le Green SEO doit donc être une approche globale [...].

En ce qui concerne le contenu, je fait beaucoup de recyclage et beaucoup de refontes de site. Ce qui veut dire qu'il y a déjà beaucoup de contenus existants. [...] Il faut garder ce qui fonctionne déjà et l’optimiser”.
 

Quel est l’impact d’un site éco-conçu pour les visiteurs et pour les concepteurs?

Sachant que nous passons nos journées à naviguer sur le web, je me dis que nous avons presque tous visité, au moins une fois, un site éco-conçu. Mais, si c’est le cas, il semblerait que les effets pour le visiteur soient nuls, mais pour les concepteurs ?

Pour notre experte, “c’est hyper compliqué” de répondre. “A moins que l’internaute ressente qu’il navigue plus facilement, que le contenu soit simple, épuré, compréhensible, … mais je crois que l’intérêt est ailleurs. Il est pour la planète et pas sur la navigation à l’instant T

Pour le SEO, [...] ça veut dire qu’on veut un site rapide, avec des fonctionnalités utiles, un code minimisé, etc. Tout ce qu’on va faire pour améliorer la rapidité va avoir un impact positif pour l’aspect éthique et éco-responsable”.

Mon esprit de contraction étant toujours en alerte, j’interpelle notre experte pour signifier que toutes ces pratiques se confrontent immanquablement aux pratiques actuelles : plus de contenus, plus de backlinks plus ou moins naturels, plus de mots clés, plus de concurrence, etc.

Pour Elodie Kergresse, il faut parvenir "à recycler plus de contenus, à faire plus de evergreen content. Je pense qu’il y a un mix à faire et que ce n’est pas forcément contradictoire. Il y a toujours de nouveaux sujets. Et sur un même sujet, on pourra toujours développer à l’infini des angles différents. Je pense qu’à partir du moment où on privilégie la qualité de son contenu, le contenu devient utile. Si on pouvait arrêter d’avoir toujours les mêmes contenus avec des copiés-collés, on écrirait moins et mieux”.
 

Existe-t-il des labels ou certifications Green SEO ?

Une chose est sûre, il serait très intéressant de commencer à mettre plus en avant les sites qui ont de bonnes pratiques et plus vertueuses. C’est pourquoi je me suis demandé s’il existait des labels ou certifications officielles ? 

Il semblerait que non. Comme le décrit notre invitée, un site comme Website carbon “délivre des badges. Il y a aussi l’éco-index, qui permet d’obtenir une lettre entre A et G. On peut également l’afficher. En tant que rédacteur [...], ce n’est pas une activité réglementée, donc nous n’avons pas de code éthique à respecter [...]. Il y a de vraies questions à se poser. S’il y a des certificats ou des labels, on ne les connaît pas et si on ne les connaît pas, c’est que ça demande à être connu”.

 

Les pratiques à bannir pour être green SEO

Certaines pratiques sont donc à exclure. Si on met naturellement de côté le black hat et le grey hat, quelles pratiques seraient à bannir pour avoir un référencement naturel plus éco-responsable ?

Notre experte est sans appel, “clairement c’est l’achat de liens. C’est encore quelque chose que je ne comprends pas. [...] On parle bien de la pertinence des liens, de la façon naturelle d’obtenir un lien, je ne comprends pas cette pratique d’achat de liens. 

Il y a aussi le bourrage de mots clés, qui rend la lecture lourde. Et en tant que lecteur, on ne se sent pas respecté. On se dit qu’on a pas écrit pour moi.

Et la pratique de faire appel à plusieurs rédacteurs sur un même sujet. Ca n’a aucun intérêt pour le lecteur. Je dis qu’à un moment, Google va trouver le moyen de sanctionner ces pratiques [...]”.
 

Le Green SEO est-il l’avenir du référencement naturel ?

L’urgence écologique est indéniable. Mais le monde du digital, et surtout du SEO, est-il prêt à entamer ce virage dans les années à venir ?

Pour Elodie Kergresse, le green SEO “est l’avenir”. Pour notre invitée, “dans un monde parfait, on ne devrait avoir à spécifier que c’est éthique et responsable. Ca devrait l’être par nature. Chacun devrait se sentir responsable des contenus qu’il produit. C’est la crédibilité du rédacteur, du client, car on écrit pour le compte et au nom de quelqu’un. Il y a un lien de confiance entre le client et le rédacteur web”.

Selon notre experte un tel résultat pourrait être atteint “en encadrant un peu plus la profession, [...] ou en mettant un peu plus d’éthique de façon obligatoire”.


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